La vallée de l'Iton est très équipée en systèmes de captation d'énergie   
   
En 1809 on recensait dans le département de l’Eure 632 moulins dont 81 sur la rivière ITON et 48 depuis Evreux jusqu’à Acquigny.

Sur les 632 du département, 511 étaient des moulins à blé.

Au fil des années, avec l’industrialisation, le nombre des moulins à blé diminue. En 1870, l’industrie textile s’étant fortement développée, 206 moulins fournissent maintenant l’énergie nécessaire pour le travail de la laine, du coton et de la métallurgie. La vallée de l’Iton suit la même évolution.
 
  


  
L'Usine de Saint-Germain-des-Angles, l'USINEAZABU
 

Saint-Germain-des-Angles na pas échappé à ces aménagements :

Aujourd’hui, l’ancien moulin à grains de Saint-Germain-des-Angles est encore visible même s’il a été très transformé. Il s’agit de la maison en colombages à droite du pont lorsqu’on se dirige vers Emalleville en venant de la place.

 
 



 La roue de l'ancien moulin à colombages se trouvait dans le “bâtiment d'eau“ sur le coté du moulin devenu maison, en fait, un bras de rivière passe en dessous de la maison et ressort à l'air libre de l'autre coté de la route. Cette eau va ensuite faire tourner les turbines de l'USINEAZABU.

 

 Au XVIIIème siècle le cours de l’Iton a été profondément modifié. En effet, le Duc de Bouillon, Comte d’Evreux, désireux de valoriser ses forêts de la région de conches, a entrepris d’aménager les cours du Rouloir et de l’Iton pour pouvoir acheminer ses grumes par flottage vers les centres gros consommateurs de bois de Rouen et les chantiers navals de la basse seine et du Havre.

En plus des vannages de partage des eaux pour alimenter la roue du moulin, sont donc apparus des vannages de flottages. Un déversoir, devenu obligatoire au XIXème siècle, complète le dispositif.
  

Mais devant l’ancien moulin, de l’autre coté du pont, une autre installation hydraulique est singulièrement plus importante. C’est celle de l’Usine. Elle remonte à 1824, année où Michel Nicolas Duchesne et son fils demandent au Préfet de l’Eure l’autorisation de construire une filature de coton à coté de “moulin faisant de blé farine“ dont ils sont propriétaires.
  


 
 
L’Usine présente deux corps de bâtiment nettement distincts, l’un en pans de bois à remplissage de briques et un en briques. 

Le bâtiment en briques date de 1857 et correspond à un agrandissement du à la forte activité industrielle de l’époque. Sa construction est très influencée par le modèle anglais : briques, baies en anse de panier, fenêtres à guillotine, couverture en sheds.

En 1931, des turbines Francis remplacent la roue, vers 1935 Georges Chandon y travaillait la bakélite, puis les résines de synthèse, le bois, la métallerie, le bâtiment.

La seconde moitié du XXème siècle fut fatale à ces petits établissements industriels ruraux concurrencés par une énergie devenue indépendante de la force hydraulique.

L’un des derniers propriétaires a été Monsieur Delamare de Bouteville, dont les aïeux ont inventé la première automobile.

Après avoir failli devenir une friche industrielle dans les années 70, l’usine de Saint-Germain-des-Angles a trouvé en 1981, avec le scuplteur Jean ZABUKOVEC, une nouvelle utilisation salvatrice. Un vaste programme de réhabilitation, aussi près que possible du modèle originel, a été entrepris.


La beauté d'un moulin, le charme qui s'en dégage sont immédiatement perceptibles. Souhaitons qu'ils conservent leurs mécanismes et félicitons les propriétaires privés ou les communes qui font l'effort d'entretenir ces merveilleuses machines.
Faisons taire nos préventions envers ce patrimoine. Avec plus de réflexion, d'aménité, que de destructions ... que de remords on s'éviterait !
Applaudissons sans réserve l'initiative de l'artiste Jean ZABUKOVEC qui utilise les locaux industriels de Saint-Germain-des-Angles pour créer ces étonnantes sculptures, symbole d'une époque où peuvent vivre en harmonie, art et industrie.




  Le “Moulin de la Halle“ à Hondouville  
   
   L e Moulin de la Halle fait partie des exceptions, en effet, il ne s'est pas transformé à la fin du  XIXème siècle en moulin producteur d'énergie pour l'industrie localeil a conservé son activité première de moulin : moudre du grain et faire de la farine.     
 Situé à environ 1000 mètres du Moulin de la Fontaine où, justement, le ruisseau “La Fontaine“ prend sa source sous la forme d'une résurgence karstique, le Moulin de la Halle donne sur la place du village où se trouve également  ...  la boulangerie !
Il est alimenté par “la fontaine“ et non par l'Iton, cette source a un débit important et suffisant pour faire tourner sa grande roue.
   
 

Le bâtiment se présente comme un grand quadrilatère en briques à deux étages et combles. La partie du XVIII ème siècle, la plus ancienne, se trouve au centre. Elle est composée d'un étage carré, à pans de bois partiellement enduits. Les autres parties de la construction datent des XIXème et début XXème siècles.

 
 

Le Moulin de la Halle fut construit à l'emplacement de deux autres moulins : l'un à huile et l'autre à foulon, propriété des religieuses de Saint Sauveur d'Evreux depuis le XI ème siècle.

A cette époque de nombreuses rivalités de droit d'eau opposaient le Moulin de la Halle au Moulin de la Fontaine.
 
 

C'est au XIXème siècle que le Moulin de la Halle devient moulin à farine. Il a appartenu à Emile Lesut qui fut maire de Hondouville de 1009 à 1947.

En pleine activité, ce moulin produisait 300 kilos de farine par heure et employait quatre personnes jusqu'à sa cessation d'activité en 1959.

 
     
Ce moulin est habituellement ouvert à la visite à l'occasion des “Journées du Patrimoine“. Merci à ses propriétaires. En très bon état de conservation, son mécanisme est très intéressant à découvrir surtout lorsque la roue tourne et que tous les engrenages, poulies et autres courroies bruissent dans cet imposant bâtiment. 





 


 



 Le moulin de
     “Cotepotte“
 
  Le nom du moulin a évolué au fil du temps et des déformations de la langue, d'abord Cloche-Porte, puis Cloque-Porte puis Cotepotte. C'est sous ce nom que l'on retrouve le lieu dit sur les cartes mais aussi sous l'appellation Moulin des Roches.  
Entre 1139 et 1169, d'après un acte de Rotrou évêque d'Evreux, un des Prébendés de Brosville joussait d'un moulin à tan (tannerie), situé aux Roches de Brosville. Le prélat avait pris ce moulin à ferme du Chanoine nommé Toustain, alors investi de la Prébende. Devenu Archevêque, Rotrou déclara que l'évêque maintienne ou détruise ce moulin, il était dû 15 sols de rente à la Saint André à Toustain et à ses successeurs à la Prébende.   Les aubes de la roue sont légèrement incurvées pour faciliter l'émersion à la  sortie du bief aval.   
     Le vannage de flottage a été conçu pour laisser passer les grumes de bois sur la rivière. En effet, au XVIII ème siècle le Duc de Bouillon, propiétaire des forêts de Conche, a entrepris d'amménager de la sorte les cours du Rouloir et de l'Iton, afin d'acheminer son bois jusqu'aux importants chantiers de Rouen et du Havre.
 
 
Le moulin a été construit en trois périodes. La partie en pierres avec élèvation en colombage, plus proche de la rivière, peut être datée du XVème Siècle. La première vente du moulin date de 1572.
La partie en briques a été terminée en 1897.
Les extensions et la roue actuelle datent de 1933. 
 
 
   
Les vannages ont été réformés dans leur composition actuelle vers 1890. Les quatre petits vannages de partage des eaux permettent de fermer l'accès de la rivière sur le bras secondaire afin de canaliser la force hydraulique sur la roue, dans le bief. Le vannage de l'abéee (ou béee) se situe juste devant la roue et permet d'ajuster le débit de l'eau depuis l'intérieur du moulin.
 
 Au 19 ème siècle Cotepotte était un moulin à farine et les villageois traversaient l'Iton par une passerelle et passaient devant le moulin pour se rendre à la boulangerie de la rue des Roches. Au siècle dernier, ce chemin a été déplacé à cinquante mètres au nord du moulin.
La roue monumentale mesure 3,2 m de large et 6,5 m de hauteur. 480 aubes de cœur de chêne. Elle est de type “Zuppinger“, sa conception est dite de “coté“, la rivière arrive sous l'axe de la roue.  
  Le mécanisme date de 1930 et est en parfait état de fonctionnement. La génératrice a été démontée lors de l'arrêt de la production électrique en 1955. (puissance estimée  de 45000 Watts)  
   Le moulin est répertorié sur les cartes de Cassini établies au 18ème siècle et dressées par ordre du roi Louis XV. Grâce à cette présence sur cette carte le Moulin des Roches bénéficie dun droit d'eau inaliénable car louvrage est dit : “fondé en titre“ car construit avant la révolution française de 1789.
Les propriétaires de ce moulin l'ouvrent habituellement à la visite à l'occasion des “Journées du Patrimoine“.